Les fonds souverains du Moyen-Orient, qui gèrent plus de 4 000 milliards de dollars d’actifs, sont devenus des acteurs majeurs sur la scène financière mondiale. Le dernier exemple en date, comme rapporté par Bloomberg News, est le soutien de l’ADIA d’Abou Dhabi au nouveau fonds spéculatif multistratégique de Bobby Jain, marquant une levée de fonds record depuis ExodusPoint.
Ces fonds ont diversifié leurs investissements bien au-delà du pétrole, touchant divers secteurs comme les affaires, la finance et le sport. Le secteur technologique est particulièrement stratégique, avec l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis en tête de la course.
Initiatives en Arabie Saoudite
Riyad a récemment lancé le National Semiconductor Hub pour développer des entreprises de conception de puces « fabless ». Le directeur du hub, Naveed Sherwani, a expliqué les objectifs lors d’une interview sur Bloomberg TV. « Nous souhaitons accueillir ou créer une cinquantaine d’entreprises de conception de puces fabless dans les cinq à six prochaines années », a-t-il déclaré. L’initiative vise à encourager la conception de puces pour divers usages quotidiens, contournant les contraintes de la chaîne d’approvisionnement.
Sherwani a souligné que l’objectif est de développer les ressources humaines et l’écosystème nécessaires pour créer des puces plus complexes à l’avenir. Cette stratégie vise à réduire la dépendance aux chaînes d’approvisionnement internationales et à renforcer l’autonomie technologique du pays.
Avancées aux Émirats Arabes Unis
Les Émirats Arabes Unis (EAU) placent l’intelligence artificielle au cœur de leur futur économique. Ils ambitionnent de devenir un producteur de semi-conducteurs avancés, cruciaux pour la chaîne d’approvisionnement technologique mondiale. Un nouveau fonds d’investissement technologique pourrait atteindre plus de 100 milliards de dollars d’actifs.
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Cette initiative survient dans un contexte où les États-Unis limitent les exportations de puces électroniques vers le Moyen-Orient, craignant que la technologie ne soit détournée vers la Chine. Omar Al Olama, ministre de l’Intelligence Artificielle et de l’Économie Numérique des EAU, a déclaré que son pays est un partenaire stratégique pour les États-Unis, malgré les inquiétudes américaines.
Récemment, G42, la principale société d’IA des EAU, a obtenu un investissement de 1,5 milliard de dollars de Microsoft après des négociations où G42 a accepté de se désengager de la Chine. Cette décision stratégique vise à renforcer les liens technologiques avec les États-Unis.
Contexte économique et impact global
Les deux pays se précipitent également pour construire des centres de données soutenant cette technologie. Selon un rapport de PriceWaterhouseCoopers, le Moyen-Orient pourrait bénéficier de 2 % des profits mondiaux de l’IA d’ici 2030, soit environ 320 milliards de dollars.
L’Arabie Saoudite pourrait voir l’IA contribuer à hauteur de 135 milliards de dollars à son économie en 2030, représentant 12,4 % de son PIB. Les EAU, en termes relatifs, pourraient tirer 14 % de leur PIB de l’IA, soit 96 milliards de dollars.
Conclusion
Les gouvernements de la région doivent choisir entre embrasser la révolution technologique ou risquer d’être laissés pour compte. PriceWaterhouseCoopers note que rester à la traîne n’est pas une option viable économiquement.
Les fonds souverains du Moyen-Orient ont soutenu des transactions d’une valeur d’environ 52 milliards de dollars au premier semestre 2024, représentant 54 % des investissements mondiaux des fonds contrôlés par l’État, un record depuis 2009.
Nouvelles majeures et implications
L’Arabie Saoudite est sur le point de devenir le plus grand marché de la construction mondiale avec des investissements massifs pour diversifier son économie. Aux Émirats, les banques locales gagnent en importance, rivalisant avec les géants de Wall Street dans des accords majeurs.
Les initiatives des deux pays dans les semi-conducteurs et l’IA montrent une volonté claire de se positionner en tant que leaders technologiques régionaux, diversifiant leurs économies au-delà du pétrole et attirant des investissements mondiaux significatifs.
