Le gouvernement français envisage de réduire les dépenses et d’augmenter les taxes d’environ 60 milliards d’euros l’année prochaine. Cette stratégie, mise en place par le Premier ministre Michel Barnier, vise à combler le déficit budgétaire croissant et à renforcer la confiance des investisseurs dans le pays.
Un budget basé sur une croissance économique stable
Le gouvernement fonde ses mesures sur une prévision de croissance économique stable de 1,1 % en 2025, une estimation identique à celle de 2024. Cette approche est également renforcée par des prévisions d’une inflation en baisse à 1,8 % contre 2,1 % cette année. Cependant, la tâche s’annonce délicate, car les marchés financiers sont déjà sur le qui-vive, et la stabilité politique reste fragile.
Détails des économies et coupes budgétaires
La majorité des économies à réaliser en 2025 proviendra de coupes dans différents secteurs :
- Dépenses publiques : Environ les deux tiers de ces économies, soit plus de 40 milliards d’euros, proviendront de coupes budgétaires dans les ministères, les autorités locales et le système de sécurité sociale.
- Hausses d’impôts : Près de 20 milliards d’euros seront générés par des augmentations temporaires de taxes ciblant les individus fortunés et les grandes entreprises, ainsi qu’une hausse de la fiscalité verte.
Principales caractéristiques du budget 2025
Le gouvernement prévoit les éléments clés suivants pour le budget de 2025 :
- Croissance du PIB : 1,1 % en 2025.
- Inflation : 1,8 % en moyenne.
- Dette : Légèrement inférieure à 115 % du PIB, contre près de 113 % en 2024.
- Dépenses : 1,7 trillion d’euros.
- Recettes : 1,56 trillion d’euros.
- Diminution des dépenses : Baisse des dépenses à 56,3 % du PIB contre 56,8 % en 2024.
Un défi politique pour Michel Barnier
La mise en œuvre de ce budget représente un défi politique pour Michel Barnier, qui doit jongler entre une économie fragile et un soutien politique incertain. Avec sa coalition centriste minoritaire, Barnier ne dispose pas du nombre de voix nécessaires pour repousser une tentative concertée de l’opposition visant à renverser son gouvernement.
L’équilibre difficile entre coupes et hausses d’impôts
Le Premier ministre doit équilibrer soigneusement les coupes budgétaires et les hausses d’impôts afin de respecter l’objectif de déficit de 5 %. Cependant, la situation est rendue plus difficile par l’opposition à de nouvelles taxes parmi certains membres de sa propre coalition. La crainte est que ces hausses d’impôts n’annulent les réformes pro-entreprises menées au cours des sept années de la présidence d’Emmanuel Macron.
Les étapes clés de l’adoption du budget
Le budget sera soumis au cabinet et au Parlement le 10 octobre pour un débat et d’éventuelles modifications. Cependant, Barnier pourrait recourir à un outil constitutionnel pour adopter le budget sans vote, une mesure qui pourrait déclencher une motion de censure contre son gouvernement. La loi exige que le budget soit adopté avant la fin de l’année.
Mesures spécifiques pour réduire les dépenses
Afin de réduire les dépenses publiques, le gouvernement prévoit d’introduire plusieurs mesures :
- Retarder l’indexation des pensions jusqu’au 1er juillet.
- Limiter l’augmentation des dépenses de santé à 2,8 % en 2025, contre une prévision initiale de 3,2 % pour 2024.
- Réductions budgétaires : La moitié des économies, soit environ 40 milliards d’euros, proviendra des plafonnements des budgets des ministères. Le reste sera obtenu grâce à des réductions des dépenses des autorités locales et à des économies dans le système de sécurité sociale.
Réactions des investisseurs et des marchés financiers
L’annonce de ces mesures a eu un impact immédiat sur les marchés financiers. La prime de risque des obligations françaises par rapport aux obligations allemandes s’est repliée de 1 point de base à 78 points de base après la publication des détails du budget, bien qu’elle reste proche de son plus haut niveau depuis plus d’une décennie.
Les tensions politiques et économiques à venir
Barnier est sous pression pour trouver le bon équilibre dans ce budget afin de satisfaire à la fois les marchés financiers et les électeurs. Toute décision mal calibrée pourrait exacerber les tensions au sein du Parlement, où l’opposition est prête à s’opposer à toute mesure budgétaire qui ne répondrait pas à leurs attentes.